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Alphonse Dupront (1905-1990), normalien, agrégé d’histoire, premier président de l’Université de Paris IV-Sorbonne (1970), est surtout connu pour sa thèse sur le Mythe de croisade et pour ses recherches d’anthropologie religieuse. Son Pierre-Daniel Huet et l’exégèse comparatiste au XVIIe siècle est certes une œuvre de jeunesse, mais, comme le souligne Jacques Le Brun dans une longue et passionnante préface à la réédition, elle est forte d’une intuition d’ordre théorique et d’une attitude subjective, neuves l’une et l’autre. Dupront remet en effet au centre de l’œuvre de Huet, qui n’était plus guère connu dans les années 1920 que comme l’auteur du Traité de l’origine des romans, la Demonstratio evangelica de 1679. Ce faisant, Dupront montre que le Grand Siècle fut un temps d’inquiétude, “un siècle tourmenté entre tous” ; Huet était lui-même un inquiet religieux, cette inquiétude née peut-être de son exégèse comparatiste, puisqu’il compara les cultures, les civilisations, les croyances, les religions des antiques païens et des peuples de la Bible, juifs et chrétiens, et de sa comparaison il établit des dépendances, des filiations, des mutations. Le premier livre d’un grand penseur est toujours riche d’intuitions et de promesses fécondes. Il n’en est pas autrement avec Pierre-Daniel Huet et l’exégèse comparatiste au XVIIe siècle.
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Au cours du XVIIe siècle, dans les couvents de toute la catholicité, furent écrites des milliers de vies de religieuses : ordres anciens réformés (comme les carmélites, les bénédictines, les cisterciennes) et ordres nouveaux (comme les visitandines, ou les ursulines) furent ainsi le lieu d’une extraordinaire production de textes où, dès leur mort, était retracée la vie des religieuses, où étaient exposés leurs vertus, leurs souffrances, leurs maladies, leurs rêves, leurs mortifications, leurs extases et leurs jouissances célestes. Cette riche source de documents permet de pénétrer dans l’intimité de ces femmes, au delà des formes ritualisées de leur existence et des censures qu’imposaient les documents officiels. Le présent ouvrage, portant sur les biographies de religieuses essentiellement françaises constitue ainsi une page importante de l’histoire des représentations et des pratiques spirituelles, corporelles et sociales dans les couvents féminins du XVIIe siècle.
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Le dernier volume de la Correspondance de Fénelon enrichit notre documentation par l'édition des nombreuses lettres apparues depuis 1972, quand a débuté l'entreprise éditoriale de Jean Orcibal, Jacques Le Brun et Irénée Noye, que ce soit dans des bibliothèques en cours de consultation, dans des fonds d'archives récemment ouverts aux chercheurs - par exemple les archives du Saint-Office explorées par le regretté Bruno Neveu -, ou dans les ventes publiques de ces dernières décennies. A ces documents nouveaux sont jointes les lettres qui, ne portant mention ni de date, ni de destinataire, n'avaient pu être publiées à leur place dans les tomes précédents : ce sont essentiellement des missives du plus haut intérêt pour mieux connaître la spiritualité de l'archevêque de Cambrai. Elles illustrent également le tarissement progressif de la forme épistolaire dans les correspondances et la transformation progressive de ces dernières en traités et en opuscules spirituels. Une importante liste d'errata complète l'ensemble et vient corriger nombre de détails dans les lettres et dans les notes des dix-sept premiers tomes. Avec ce volume de compléments, nous disposons de l'édition de référence d'une des correspondances les plus importantes du XVIIe siècle, celle d'un grand écrivain, théologien et auteur spirituel, qui fut mêlé à tous les débats religieux, intellectuels et politiques du siècle de Louis XIV.
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A l’époque moderne, l’éclatement de la chrétienté en confessions rivales, en un “catholicisme” et des “protestantismes”, a suscité le développement de la controverse et l’élaboration d’une immense littérature religieuse. L’écrit, et particulièrement l’imprimé, devenait l’instrument du débat théologique et philosophique. Ce faisant, l’interprétation des écrits – la Bible, les Pères, les auteurs spirituels –, l’établissement du sens des textes et l’émergence de l’ " auteur " au sens moderne du terme entraînaient à leur tour un problème philosophique autant que théologique et donnaient naissance à des disciplines autonomes, l’exégèse et l’herméneutique. Les travaux rassemblés dans ce livre constituent un essai d’interprétation de plusieurs corpus textuels, d’œuvres de philosophes, de théologiens et d’auteurs spirituels. Ils fournissent une réflexion sur la constitution ou la modification des références fondatrices (le rapport à une origine, les structures psychiques ou anthropologiques). Que les questions de la spiritualité, de la dévotion et de l’institution soient centrales dans ces recherches n’étonnera pas : l’homme moderne y est engagé, s’affirmant comme sujet de son expérience.
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Les années 1712-1714, les dernières de cette Correpondance ont un accent tragique et apaisé. Fénelon voit ses espoirs brisés par la disparition de ses meilleurs soutiens : avec la mort du Dauphin, son ancien élève, disparaissent le rêve fénelonien d’un renouveau du royaume et toute perspective de jouer un rôle dans une politique inspirée par l’esprit du Télémaque ; avec celle des ducs de Chevreuse et de Beauvillier, Fénelon perd la possibilité de se faire entendre au Conseil du roi. S?il peut, grâce au retour de la paix, se consacrer à ses tâches pastorales et au projet de construction de son séminaire, son souci majeur est de contrer, au delà même de son diocèse, l’influence janséniste. Ses interventions à Versailles et ?g Rome contribuent certes à la publication de la bulle Unigenitus, mais il faut ensuite faire recevoir la bulle par les évêques de France malgré les atermoiements de l’archevêque de Paris, Noailles, et c’est avant d’avoir pu triompher de ce dernier dans un concile national que la mort le frappe.
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Les années 1712-1714, les dernières de cette Correpondance ont un accent tragique et apaisé. Fénelon voit ses espoirs brisés par la disparition de ses meilleurs soutiens : avec la mort du Dauphin, son ancien élève, disparaissent le rêve fénelonien d’un renouveau du royaume et toute perspective de jouer un rôle dans une politique inspirée par l’esprit du Télémaque ; avec celle des ducs de Chevreuse et de Beauvillier, Fénelon perd la possibilité de se faire entendre au Conseil du roi. S?il peut, grâce au retour de la paix, se consacrer à ses tâches pastorales et au projet de construction de son séminaire, son souci majeur est de contrer, au delà même de son diocèse, l’influence janséniste. Ses interventions à Versailles et ?g Rome contribuent certes à la publication de la bulle Unigenitus, mais il faut ensuite faire recevoir la bulle par les évêques de France malgré les atermoiements de l’archevêque de Paris, Noailles, et c’est avant d’avoir pu triompher de ce dernier dans un concile national que la mort le frappe.
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J. DEPRUN,
M. HAILLANT,
J. LAGRÉE,
A. LANAVÈRE,
J.M. LANNOU,
Jacques LE BRUN,
Denise LEDUC-FAYETTE,
P. MAGNARD,
J.F. MARQUET,
Bruno NEVEU,
Irénée NOYE,
J.L. VIEILLARD-BARON
Qui lit les Mémoires de Saint-Simon ne peut qu’être sensible à l’extraordinaire complexité de la figure de l’archevêque de Cambrai. Par là s’expliquent les légendes tenaces dont il a été l’objet, les passions qu’il suscite encore. Sur les traces d’Henri Gouhier (et le IIe chapitre de son Fénelon philosophe s’intitule “Philosophie et spiritualité”) les auteurs de ce volume ont cherché à clarifier le rapport complexe qu’entretient la mystique de «l’amour de préférence de Dieu à nous» et une philosophie de relevance post-cartésienne. Contributions de J. Deprun, M. Haillant, J. Lagrée, A. Lanavère, J. Le Brun, D. Leduc-Fayette, J.M. Le Lannou, P. Magnard, J.F. Marquet, B. Neveu, I. Noye, J.L. Vieillard-Baron.
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Fruit d'un colloque organisé à Genève en août 1993 par l'Institut d'Histoire de la Réformation et la Faculté autonome de théologie protestante, ce volume aborde les différents aspects de la christologie de la fin du XVIIe siècle au milieu du suivant. Des spécialistes venant d'horizons disciplinaires divers se sont penchés tour à tour sur la place du Christ dans la lithurgie, dans le discours mystique, dans la littérature d'inspiration piétiste et dans celle hostile à la tradition chrétienne. Ils ont exploré le Christ des philosophes et des savants, sans oublier celui d'un théologien aussi populaire que Jacques Abbadie ou celui qui nourrit l'imaginaire royal de l'Angleterre des révolutions et des restaurations. Ils ont ainsi nuancé l'image traditionnelle d'une christologie déclinant uniformément sous les coups soit de la théologie naturelle, soit d'une pensée déiste ou incrédule, en ouvrant d'importantes pistes de recherches.
Articles de O. Fatio, J. Le Brun, H.-J. Schrader, B. Cottret, M.-C. Pitassi, J.-F. Baillon, R. Whelan, A.Ch. Kors, R. Desné et G. Widmer. Index.
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